- (Librement inspiré du Chant de Salomon ou Cantique des cantiques) 1/2
- Chapitre I
- C’est un chant magnifique écrit par Salomon :
- « Qu’il m’embrasse toujours de ses baisers divins,
- Car ses marques d’amour surpassent le bon vin.
- Concernant son parfum, son odeur est parfaite
- Et son nom comme une huile enduite sur sa tête.
- C’est pourquoi chaque fille envie mon privilège…
- Alors, prends-moi la main, prenons tous deux la fuite !
- Toi qui m’as faite entrer dans ta chambre petite
- Laissons monter la joie ! Réjouissons nos cœurs !
- Louons plus que le vin nos marques de bonheur,
- L’amour que l’on se porte est beau et légitime. »
- « Je suis noire et jolie ô filles de là-bas,
- Comme un rêve, un soupir, une nuit de sabbat.
- Ne me regardez pas comme une basanée,
- Comme si le soleil m’avait la peau tannée,
- Si les fils de mon père ont eu raison de moi,
- C’est que je dois garder les vignes malgré moi. »
- « Révèle-moi ô toi que mon âme aime tant
- Où donc as-tu mené le bétail à midi ?
- Et pourquoi deviendrais-je une femme amoindrie
- Qui garde le troupeau d’associés impatients ? »
- « Si tu ne le sais pas, toi qui es la plus belle,
- Fais paître les chevreaux autour des citadelles ! »
- « A ma jument aux chars de Pharaon le roi
- Je t’ai comparée, ô ma compagne de choix !
- Car tes joues sont jolies entre tresse et cheveux,
- Les perles sur ton cou forment des cercles d’or
- Avec des points d’argent qui semblent un aveu
- Que je fais en mon cœur lorsque le soir m’endors. »
- « Quand tu es près de moi, mon nard donne l’effluve,
- Comme un sachet de myrrhe entre mes seins la nuit
- Ou grappe de Henné près des vignes, des puits. »
- « Ô ma compagne, vois ! Tu es belle, si belle
- Que tes yeux sont les yeux de la colombe même ! »
- « Tu m’es cher, tu es beau, couché sur un divan,
- Un divan de feuillage ô que tu es charmant !
- Notre belle maison a des poutres de cèdre
- Et du genévrier sur les solives raides. »
- Chapitre II
- « Je suis juste un safran de la plaine côtière
- Un lis de basse plaine immobile parterre. »
- « Un lis des plus jolis au milieu des chardons
- Telle est mon adorée entre filles sans dons. »
- « Un pommier en forêt, voici mon amoureux,
- J’ai désiré son ombre aux étés chaleureux
- Et son fruit lisse et doux au seuil de mon palais.
- Dans la maison du vin il m’introduit le jour
- Et la bannière en haut représente l’amour.
- S’il faut me ranimer, c’est que je suis souffrante.
- Une main sous ma tête, une autre qui m’étreint,
- Je vous ai fait jurer par la biche et le daim
- N’éveillez pas Amour avant qu’il le demande !
- Je l’entends arriver sautant sur les collines
- Pareil au faon des cerfs, il écoute aux treillis
- Et ma dit : « Lève-toi, mon amour et partons !
- Car c’en est terminé de la saison des pluies
- Les fleurs sont apparues, il faut tailler la vigne,
- Le figuier a muri, la figue prend couleur,
- Les vignes sont fleuries et donnent leur senteur.
- Au détour du chemin, dans l’antre du rocher,
- Montre-moi, ma colombe, une forme jolie,
- Oui, fais-moi voir ta forme et entendre ta voix. »
- Saisissez les renards qui ravagent les vignes !
- Mon amour est à moi et moi je suis à lui,
- Il mène les brebis paître parmi les lis,
- Avant le saut du jour et la fuite des ombres,
- Ô toi qui m’es si cher, feras-tu demi-tour ?
- Ressemble aux faons des cerfs des crêtes ravinées. »
- Chapitre III
- « Sur mon lit dans la nuit j’ai cherché mon amour,
- Je l’ai cherché longtemps, je ne l’ai pas trouvé..
- Laissez-moi me lever et tourner dans la ville !
- Je l’ai cherché partout mais ne l’ai pas trouvé..
- J’ai demandé au garde : « As-tu vu mon amour ? »
- Quand soudain j’ai croisé celui que j’aime tant,
- Je l’ai saisi si fort pour ne plus le lâcher
- Et l’amener captif au foyer de ma mère
- Qui m’a donné le jour dans la chambre intérieure.
- Je vous ai fait jurer par la biche et le cerf
- N’éveillez pas Amour avant qu’il le désire !
- Quel est donc ce parfum qui monte du désert,
- Colonnes de fumées, de myrrhes et d’oliban,
- De poudre aromatique ainsi que de l’encens ?
- C’est le lit de mon roi, celui de Salomon
- Assisté de soixante hommes forts d’Israël
- Tous armés d’une épée, exercés à la guerre,
- Ne craignant pas l’effroi par la plaine et les monts.
- Le lit du roi est fait en arbres du Liban,
- Ses appuis sont en or, ses colonnes en argent,
- Son siège en laine pourpre est garni par l’amour
- Des filles d’Israël, tissé jour après jour.
- Sortez et contemplez, jeunes filles de Sion
- La couronne tressée du bon roi Salomon,
- Un cadeau de sa mère au jour de son mariage
- Qui le remplit de joie en son cœur d’homme sage ! »
- Chapitre IV
- « Ô ma compagne, vois ! Tu es belle, si belle
- Que tes yeux sont les yeux de la colombe même,
- Tes cheveux, un troupeau de chèvres bondissantes
- Descendues ce matin des monts de Guiléad,
- Tes dents sont un troupeau de brebis tondues ras
- Remontées du lavage avec tous leurs petits,
- Tes lèvres d’un grenat comme un fil d’écarlate,
- Ta parole agréable et derrière ton voile,
- Tes tempes en quartiers des meilleures grenades,
- Ton cou est une tour construite par David
- Relevée sur les bords par mille boucliers,
- Tes deux seins sont deux faons, jumeaux d’une gazelle
- Qui paissent dans la plaine où s’entrouvrent les lis. »
- « Avant le point du jour et la fuite des ombres
- J’irai sur les hauteurs de myrrhe et d’oliban. »
- « Tu es tellement belle, tu n’as pas de tare.
- Avec moi du Liban, viendras-tu mon épouse ?
- Pourras-tu revenir des repaires des lions ?
- Tu fais battre mon cœur Ô ma sœur, mon épouse
- Par un seul de tes yeux, par ton joli collier.
- Tes élans de tendresse Ô ma sœur, mon épouse
- Sont meilleurs que le vin, les huiles, les parfums.
- Tes lèvres sont du miel en rayon, mon épouse
- Du miel ou bien du lait dégouttent tout le temps
- Et la senteur de tes habits comme la senteur du Liban.
- Un jardin verrouillé Ô ma sœur, mon épouse
- Un jardin verrouillé, une source scellée.
- Ta peau est un verger, paradis de grenades
- Avec les fruits de choix, de nards et de hennés,
- Du nard et de la canne, safran et cinnamome,
- Arbres à oliban, de myrrhe et d’aloès,
- Toutes sortes de fruits et les meilleurs parfums.
- Une source, un jardin, un petit puits d’eau douce,
- Des milliers de ruisseaux convergent du Liban.
- Lève-toi vent du nord ! Reviens Ô vent du sud !
- Souffle sur mon jardin ! Que ses parfums ruissellent ! »
- « Que celui qui m’est cher entre dans son jardin,
- Que mon bel amoureux mange les fruits de choix. »
Poème édité par la revue Teste n°16